Le monde ne sera pas assez grand

di Jean-Paul Schneck

La mort viendra et elle aura tes yeux (Cesare Pavese)

J'ai fait le tour de la maison. Pièce après pièce, j'ai tout vérifié.

J'ai commencé par la cuisine. Ma tàche était simple. Le robinet ne gouttait pas. Le gaz était coupé. La vaisselle propre et rangée. Sur la toile circe de la table, j'avais posé un petit bougeoir, souvenir d'un Noel passé. Une bougie rouge à demi consumée, un angelot en piètre peint, blanc et doré. Les torchons empilés dans l'armoire prés des produits d'entretien. J'ai sorti les piles de la petite montre murale qui àa cessé son tic-tac.

Le salon était calme. Je me suis assis dans un fauteuil. J'ai fait le compte de mes problèmes de santé. Maladies et fractures se sont succédées au fil des ans. Dernier épisode: huit vis et une plaque pour repositionner des fragments de cheville brisée. Mais je suis toujours vivant. J'ai pensé que si j'avais été un homme préhistorique, je n'aurais pas survécu. Je serais mort de faim. Ou bien j'aurais été dévoré par un fauve ou méme par mes compagnons. Le médecin m'a fait le rappel de vaccin antitetanique hier. Il m'à dit "prochain rappel dans dix ans". Je lui ai répondu "si je vis encore''. Il a ajouté en souriant cyniquement "je n'irai pas vous le faire dans la tombe". Dans dix ans...

J'ai tout véritlé au salon. Puis je suis passé dans la chambre. Je me suis allongé sur le lit. Des images d’elle se sont invitées. Elle allongée près de moi. Belle et tranquille. Calme ou rieuse. Tendre ou boudcuse. Elle nue. Elle unique. Elle seule. Elle immense. J'ai caressé le couvre-lit à sa piace, froid.

Enfant dejà, je ne pouvais vivre sans vérifìer. Je me souviens de ma hantisc des crottes de nez. Une véritable phobie que j'ai mis des années à surmonter. Lorsque je me mouchais, j'avais toujours l'impression qu'une petìte erotte restait sur mon nez. J'imaginais les réactions de dégoùt de mon entourage. Cela entraînail des comportements qui pouvaient paraìtre cocasses mais qui n'en étaient pas moins pénibles. Je me mouchais toujours préventivemeni, seul, à la salle de bains, ce qui me permettali de m'examiner dans le miroir. Une fois ou l'autre, la présence de l'un de ces corps étrangers répugnants m'avait conforté dans l'idèe que l'accident pouvait arriver. Si, à forec de renifler en public, je me trouvais contraint de me moucher, le plus souvent je quittais les lieux à la recherche d'un miroir. Si ce n'était pas possible, la mort dans l'àme, je me mouchais puis je passais dix minutes à m'essuyer le nez, les lèvres, les joues et dix autres minutes a me toucher le visage à la recherche d'une perle gluame égarée. J'étais devenu un obsessionnel de la goutte au nez,

Rituel du silence. Depuis qu'elle est partie - cornbien de temps déjà? -j'ai pris l'habitude de m'enfermer dans la chambre. Je m'allonge sur le lit et j'attends- Peu à peu, elle revient. Elle me rejoint. Elle est jeune el belle. Elle me sourit Elle me parie. Elle chuchote des caresses à mon oreille. Toujours les mémes mots que j'oublìe aussitót. Elle me touche. Il y a si longtemps que nous n'avons pas fait l'amour. Je ne suis plus très jeune. Jc sens sa main sur moi. Je frôle ses cheveux. Je suis les courbes de son corps. Quelque chose remue en moi. Sa peau aux reflets jaunes m'hypnotise. Ses muscles pleins de vie. Ses dents qui mordent mon coeur. Quelque chose tremble en moi. Je lèche ma sueur. Flle bouge. Elle se transforme. Mon coeur bat plus vite. Mon pouls panique. Elle est soudain pasionaria. Ses cheveux volcnt. Son regard lance des étincelles. Mon souffle se précipite. Ses mains rougissent comme le fer au feu. Ses gestes éclatent Quelque chose explose en moi. Je me raidis. Je me cramponne. Le vertige me jette au fond de la nuit. Je m'affole. Elle rit à grandes eaux. Je me noie dans ses cris. Je m'étouffe. File est furie. Je crois mourir. J'ouvre les yeux. Elle disparati et j'étreins le vide.

Je n'ai jamais été curieux de la vie des autres. Chacun fait ce qu'il veut. Moi le premier. Tant qu'on n'embète pas ses voisins. Mais quand j'ai reçu la lettre - je devrais dire le torchon - de X, je n'ai pas pu m'empêcher de me demander comment il vit. Est-il si vertueux, lui qui me traite de "vieux porc"? Est-il blanc comme neige, celui qui me colle l'étiquette de "baiseur de pucelles"?

J'ai été saisi de curiosité malsaine. J'ai espionné X. A différentes heures du jour et de la nuit, je suis passé au ralenti dans sa me. Parfois même à pieds, au risque d'èlre reconnu. J'ai appris peu de nouveautés sur lui. Je l'ai aperçu l'une ou l'autre fois boitant sur sa prothèse de jambe, le regard fermé. J'ai attrapé des bribes de conversation, propos banals tenus d'une voix neutre. J'avais commis l'erreur de croire que son handicap le rendrait plus totérant. Mais depuis sa lettre je l'imaginais plutôt pire qu'avant, aigri et débile, crachant sur les amours non conventionnelles, rotant son trop plein de bière à la face des autres, baisant sa femme comme le premier barbare du coin de la rue. J'ai eu l'idée de revoir ainsi quelqucs connaissances. J'ai dressé une liste d'anciens amis, de collègues, de rencontres. Plusieurs étaient morts ou avaient disparii. J'aurais voulu savoir comment ils avaient vécu, comment ils vivaient. Mais finalement j'ai jeté cette liste. Je n’ai appelé personne. Je n'ai revu personne. A quoi bon? Chacun vit comme il l'etitend et c'est très bien ainsi.

Que savem les gens de Tamour? De cette rencontre improbable de deux ètres. Je sui's vieux et ride. Certaines femmes me trouvent encore du charme. Elle était jeune et belle. Vive. Trop vive sans doute. Rien n'allait assez vite pour elle. Son temps n'était pas le nôtre. Ses heures filaient. Ses gestes couraicnt. Sans brusquerie. Tout en souplesse. Mais elle avait toujours quelques longueurs d'avance, Pourtant nous nous sommes croisés. Par le regard. J'étais attablé au salon de thè de la galene marchande. Elle a traverse la salle, a commandé un café au comptoir, a jeté un coup d'oeil circulaire en le buvant. C'est là que nous nous sommes rencontres. Je ne l'avais pas quittée des yeux Elle l'a senti. Elle est venue s'asseoir à ma table. "Pourquoi me regardez-vous? - Parce que vous êtes un mystère". Ca l’a fait rire. Finalement nous sommes restés presque une heure ensemble. Je crois que l’on perd la mémoire parce que les souvenirs ne nous intéressent plus. Que peut-on faire des souvenirs? Se les raconter ? En rire? En pleurer? Les raconter aux autres? J'ai remarqué que l'on déverse toujours les mêmes souvenirs. Pourquoi? J'ai beaucoup oublié. Mais je suis sur que, quoi qu'il arrive, Alzheimer ou autre démence, elle resterà. Seule, elle surnagera. Le reste de ma vie sera dilué, saupoudré, englouti. Elle sera l'image rémanente, fixée comme un éblouisscment, la dernicre image.

J'ai fini le tour de la maison. J'ai tout vérifié. La vie parfois tourne à l'envers. Je pars. Les gens se demanderont "Qu'a-t-il à fuir ainsi?

Partir au bout du monde à son âge! Il ne veut pas échapper à une mère amoureuse, a un fière violent, à un père fou. Alors?" On ne pari pas pour rieri à l'autre bout du monde. En passant, je jetterai quelques fleurs au pied de l'arbre. C'est là qu'elle m'a quitte. Elle roulait trop vite. Comme toujours. Comme elle faisait toute chose. L'arbre porte encore la trace de sa voiture de sport. Pulvérisée. Avec elle. Pulvérisée. Comme moi. Je pars. C'est un premier départ. J'ai fini le tour de la maison. Il me reste le tour du monde à faire. Et tant de choses a vérifier.


1° CLASSIFICATO RACCONTO INEDITO IN LINGUA FRANCESE (tradotto da Patrizia Gambarotta)

IL MONDO NON SARA’ ABBASTANZA GRANDE

Verrà la morte e avrà i tuoi occhi (Cesare Pavese)

Ho fatto il giro della casa. Stanza dopo stanza, ho controllato tutto.

Ho cominciato dalla cucina. Il mio compito era semplice. Il rubinetto non gocciolava. Il gas era tagliato. Le stoviglie pulite e ordinate. Sulla tela cerata della tavola avevo messo un piccolo candeliere, ricordo di un Natale passato. Una bugia rossa a metà consumata, un angioletto di gesso dipinto, bianco e dorato. Gli strofinacci impilati nell’armadio vicino a prodotti per la manutenzione della casa. Ho tolto le pile dal piccolo orologio a muro che ha smesso il suo tic tac.

La sala era tranquilla. Mi sono seduto su una poltrona. Ho fatto il conto dei miei problemi di salute. Malattie e fratture si sono susseguite nel corso degli anni. Ultimo episodio: otto viti e una placca per riposizionare dei frammenti di caviglia rotti. Ma sono sempre vivo. Ho pensato che se fossi stato un uomo preistorico, non sarei sopravvissuto. Sarei morto di fame. Oppure sarei stato divorato da un animale selvatico, o anche dai miei compagni.

Il medico mi ha fatto il richiamo dell’antitetanica ieri. Mi ha detto”prossimo richiamo fra dieci anni”. Gli ho risposto” se sono ancora vivo”. Lui ha aggiunto, sorridendo cinicamente”non verrò a farglielo nella tomba”. Fra dieci anni…

Ho controllato tutto nella sala. Poi sono passato nella camera. Mi sono sdraiato sul letto. Mi si sono presentate immagini di lei. Lei allungata vicino a me. Bella e tranquilla. Calma o ridente. Tenera o imbronciata. Lei nuda. Lei unica. Lei sola. Lei immensa. Ho accarezzato il copriletto al suo posto, freddo.

Già da bambino, non potevo vivere senza controllare. Mi ricordo il mio incubo per le caccole del naso. Una vera e propria fobia che ho impiegato anni a superare. Quando mi soffiavo il naso, avevo sempre l’impressione che mi ci restasse una piccola caccola. Immaginavo le reazioni di disgusto delle persone che mi stavano vicino. Questo, di conseguenza, provocava dei comportamenti che potevano sembrare ridicoli, ma che non erano per questo meno penosi. Mi soffiavo il naso preventivamente, solo, in bagno, il che mi permetteva di esaminarmi nello specchio.

La presenza, ogni tanto, di uno di questi ripugnanti corpi estranei mi aveva confermato nell’idea che l’incidente poteva capitare. Se, a forza di tirar su con il naso in pubblico, mi trovavo costretto a soffiarmelo, il più delle volte me ne andavo da un’altra parte alla ricerca di uno specchio. Se questo non era possibile, con la morte nel cuore mi soffiavo, poi passavo dieci minuti ad asciugarmi il naso, le labbra, le guance e altri dieci a toccarmi il viso alla ricerca di una perla viscosa dimenticata. Ero diventato un ossessionato della goccia al naso.

Rituale del silenzio. Da quando lei è partita- già da quanto tempo?- ho preso l’abitudine di chiudermi in camera. Mi allungo sul letto e aspetto. Un po’ alla volta, lei ritorna. Mi raggiunge. E’ giovane e bella. Mi sorride. Mi parla. Mi sussurra tenerezze all’orecchio. Sempre le stesse parole che dimentico subito. Mi tocca. E’ così tanto che non abbiamo fatto l’amore. Io non sono più giovanissimo. Sento la sua mano su di me. Sfioro i suoi capelli. Seguo le curve del suo corpo. Qualche cosa si muove in me. La sua pelle dai riflessi gialli mi ipnotizza. I suoi muscoli pieni di vita. I suoi denti che mi mordono il cuore. Qualcosa trema in me. Lecco il mio sudore. Lei si muove. Si trasforma. Il mio cuore batte più in fretta. Il mio polso va in panico. Lei è di colpo passionale. I suoi capelli volano. I suoi occhi lanciano scintille. Il mio respiro accelera. Le sue mani diventano rosse come il ferro al fuoco. I suoi gesti scoppiano. Qualcosa esplode in me. Mi irrigidisco. Mi aggrappo. La vertigine mi getta nel fondo della notte. Impazzisco. Lei ride a scroscio. Io annego nei suoi gridi. Mi soffoco. Lei è una furia. Io credo di morire. Apro gli occhi. Lei sparisce e io stringo il vuoto.

Non sono mai stato curioso della vita degli altri. Ciascuno fa quello che vuole. Io per primo. Fintanto che non si dà noia ai vicini. Ma quando ho ricevuto la lettera – dovrei dire lo straccio – di X , non ho potuto impedirmi di chiedermi come vive. E’ così virtuoso, lui che mi tratta da “vecchio porco”? E’ bianco come la neve, quello che mi incolla l’etichetta di “ baciatore di pulzelle”?

Sono stato preso da una curiosità malsana. Ho spiato X. In differenti ore del giorno e della notte, sono passato al rallentatore nella sua strada. Qualche volta anche a piedi, con il rischio di essere riconosciuto. Ho scoperto poche novità su di lui. L’ho visto qualche volta che zoppicava sulla protesi della sua gamba, con lo sguardo impenetrabile. Ho afferrato brandelli di conversazione, discorsi banali tenuti con una voce neutra. Avevo commesso l’errore di credere che il suo handicap l’avrebbe reso più tollerante. Ma dopo la sua lettera lo immaginavo invece peggiore di prima, inasprito e debole, che sputava sugli amori non convenzionali, che ruttava il suo eccesso di birra in faccia agli altri, che baciava sua moglie come il primo barbaro dell’ angolo della strada.

Ho così avuto l’idea di rivedere qualche conoscenza. Ho fatto una lista di vecchi amici, di colleghi, di incontri. Molti erano morti o erano scomparsi. Avrei voluto sapere come avevano vissuto, come vivevano... Ma alla fine ho gettato via quella lista. Non ho chiamato nessuno. Non ho rivisto nessuno. A che pro? Ciascuno vive come gli pare e va benissimo così.

Che cosa sa la gente dell’amore? Di questo incontro improbabile di due esseri. Io sono vecchio e rugoso. Certe donne mi trovano ancora del fascino. Lei era giovane e bella. Vivace. Indubbiamente troppo vivace. Niente andava abbastanza veloce per lei. Il suo tempo non era il nostro. Le sue ore fuggivano. I suoi gesti correvano. Senza asprezza. Tutto con facilità. Ma lei aveva sempre qualche lunghezza di vantaggio. Eppure ci siamo incrociati. Con lo sguardo. Io ero seduto al tavolino della sala da the del centro commerciale. Lei ha attraversato la sala, ha ordinato un caffé alla cassa, ha gettato un colpo d’occhio circolare mentre lo beveva. E’ là che ci siamo incontrati. Io non l’avevo lasciata con gli occhi. Lei lo ha sentito. E’ venuta a sedersi al mio tavolo. “Perché mi guarda?- Perchè lei è un mistero”. Questo l’ha fatta ridere. Alla fine siamo restati quasi un’ora insieme.

Io credo che si perde la memoria perché i ricordi non ci interessano più. Che cosa si può fare dei ricordi? Raccontarseli? Riderne? Piangerne? Raccontarli agli altri? Ho notato che si rievocano sempre gli stessi ricordi. Perché? Io ho dimenticato tanto. Ma sono sicuro che, qualunque cosa mi capiti, Alzheimer o un'altra demenza, lei resterà . Sola, lei resterà a galla. Il resto della mia vita sarà dilavato, coperto di polvere, inghiottito. Lei sarà l’immagine rimasta, fissata come un bagliore, l’ultima immagine.

Ho finito il giro della casa. Ho controllato tutto. Qualche volta la vita gira alla rovescia. Io parto. La gente si chiederà “Che cos’ha da fuggire così? Partire per andare in capo al mondo alla sua età! Non vuole sfuggire ad una madre amorosa, ad un fratello violento, ad un padre pazzo. Allora?”. Non si parte per niente per l’altro capo del mondo. Passando, getterò qualche fiore ai piedi dell’albero. E’ là che lei mi ha lasciato. Correva troppo in fretta. Come sempre. Come lei faceva tutto. L’albero porta ancora il segno della sua macchina sportiva. Polverizzata. Con lei. Polverizzata. Come me. Io parto. E’ una prima partenza. Ho finito il giro della casa. Mi resta da fare il giro del mondo. E tante cose da controllare.